... c'est là où je m'installe chaque fois que je prends le train sur la ligne Paris/Ville-de-province-dans-
Pas précisément pour passer l'intégralité de mon trajet à enfourner des sandwichs caoutchouteux et avaler des cafés fadasses obtenus après 3 heures de queue en équilibre instable - le trajet est d'ailleurs trop court sur cette ligne pour que le bar soit ouvert - mais pour m'étaler avec toutes mes affaires dans l'un des quatre "carrés" qui se trouvent dans ce wagon.
Pour qui ne possède pas à la perfection le jargon SNCFesque (grosse lacune soit dit en passant), il faut savoir qu'un "carré" est un ensemble de quatre sièges répartis en deux rangées de deux places qui se font face l'une l'autre (et qui forment, si vous avez bien suivi... eh bah tiens, oui, un carré !).
Mais attention, ne vous méprenez pas, il y a "carré" et "carré".
Les "carrés" du wagon-bar, vous l'aurez compris, sont vraiment chouettes parce que vous pouvez a priori compter sur quatre places pour vous tout seul (et toutes vos affaires), vu que, sauf affluence exceptionnelle pour cause de week-end prolongé, ils ne sont jamais attribués (sur ma ligne de TGV en tout cas) et que peu de gens sont au courant de la combine (par avance merci pour votre discrétion).
Alors que que si vous découvrez que l'agent SNCF humain ou cybernétique auprès duquel vous avez acheté votre billet vous a placé dans l'un des "carrés" d'un wagon lambda, il ne vous reste plus qu'à serrer les dents en vous préparant à un voyage-cauchemar (pas tout à fait comme si le contrôleur s'avérait être Freddy Krueger, mais pas loin quand même).
Je m'explique !
Dans le "carré" d'un wagon lambda, les trois autres places qui forment le "carré" seront nécessairement toutes occupées, ce qui signifie pêle-mêle que vous :
- disposerez de moins de 10 cm pour étaler vos jambes sans risquer de les enchevêtrer dans celles de votre voisin (qui ne ressemble pas forcément à Ryan Gosling),
- aurez droit à maximum 5 cm de largeur de tablette pour poser vos affaires (feuilles A4 à bannir),
- aurez une chance sur deux de vous retrouver à jouer les bouche-trous au milieu d'une famille encore trop peu étoffée pour occuper à elle seule les quatre places, mais pourtant déjà excessivement bruyante (notez qu'en général, c'est souvent le nouveau-né qui tient le rôle bruyant).
Bref, aucun rapport entre un voyage dans le "carré" d'un wagon lambda et un voyage dans le "carré" du wagon bar.
Sauf que, sauf que... comme les choses sont toujours complexes (c'est ce que la vie m'a appris), il peut arriver de temps en temps que vous ayez une mauvaise surprise dans le wagon bar.
Quel genre de mauvaise surprise ?!
Eh bien le genre :
- bande de 10 étudiants en goguette qui parcourt tout le TGV pour essayer de trouver plusieurs places les unes à côté des autres, et qui - pas de chance - finit fatalement par débouler au wagon-bar. Et hop, 3 amis extrêmement bruyants gagnés d'un coup !,
- type qui voyage sans billet et qui atterrit là parce que c'est le seul endroit où il reste des places non occupées et qui vous réserve un petit échange musclé avec le contrôleur à son prochain passage (c'est pas parce qu'il n'a pas payé qu'il est prêt à se faire truander par la SNCF, eh oh quand même !),
- militaire qui, pour voyager beaucoup (avec des tarifs à 25% il aurait tort de se priver), connaît la ficelle comme vous et a la mauvaise idée (au choix) de faire le voyage avec d'autres potes de caserne hyper bruyants (même si sans doute hyper sympas) / de téléphoner à maman hyper bruyamment (mais c'est sans doute parce qu'il l'aime beaucoup) / de s'asperger quotidiennement de la moitié de sa bouteille de parfum à l'odeur absolument insoutenable (ça marche aussi avec le déodorant).
Et puis il y a la mauvaise surprise que j'ai faite lors de mon dernier trajet : le gros goûlu qui est arrivé là on ne sait pas trop par quel hasard, apportant avec lui tout un sac rempli de kebabs, barquettes de frittes, chips, nuggets et bien sûr danettes, et qui se fait un plaisir de vous honorer pendant tout le trajet d'un concert assez incroyable de bruits de mastication / déglutition un peu, comment dire... écoeurants !
Confronté à un tel voisin-de-"carré", je vous prie de croire que même le strapontin de la plateforme séparant deux wagons, sans tablette et sans accoudoir, m'a semblé un vrai hâvre de paix...
Pitié, pas ce carré, je va vraiment trop m'embêter !