On a tous quelque chose en nous de Tenessee d'un peu hippie.
Certains c'est qu'ils ne font jamais le ménage, d'autres qu'ils se laissent pousser la barbe, d'autres encore qu'ils mangent leurs pâtes directement dans la casserole, d'autres encore encore qu'ils peuvent dormir dans un sac de couchage à l'année, d'autres encore encore encore qu'ils ont un espace zen avec un mini-râteau pour ratisser des mini-cailloux, et d'autres encore encore encore encore qu'ils sont contre la guerre et le mal en général...
Moi c'est un peu tout ça en même temps, du moins dans l'esprit (pour la barbe).
Mais je camoufle tellement bien le fond de ma nature qu'à me voir vous pourriez croire que je suis tout sauf une hippie - on m'a d'ailleurs dit jeudi dernier que j'avais un accent bourgeoisie XIXème, mais non, apparemment, ce n'était pas une insulte.
Et pourtant, un jour, dans très longtemps - ou bien peut être pas tant que ça - ma vraie nature reprendra le dessus, j'irai conclure un prêt chez Cofidis, je m'achèterai LA voiture qui m'a toujours fait rêver, et je partirai sillonner les routes du Larzac avec elle pour y cultiver des chèvres (dans le Larzac, pas dans la voiture).
Bien sûr je ne rembourserai jamais mon prêt Cofidis.
Comprenez-moi : autant conclure un prêt peut passer pour hippie, autant le rembourser mois par mois, les intérêts d'abord, le capital ensuite, non, pas du tout.
Dans ma voiture, on trouvera bien sûr toujours une bouteille de pastis et un bon saucisson à partager, et d'ailleurs, chaque fois que vous passerez dans le coin, vous serez les bienvenus pour l'apériboule.
Et puis, un jour, dans cette fameuse voiture, j'y mettrai des tas d'enfants, peut être un mari ou deux, et pourquoi pas aussi quelques poules, et, tous ensemble, nous nous amuserons comme des fous en chantant à tue-tête toute la journée des choses hippies comme California dreamin', Mrs Robinson ou encore White is white, Dylan is Dylan (ah bon, c'est pas Kevin en fait ?)...
Evidemment, comme nous serons de vrais hippies, nous nous ferons une règle de ne jamais nous soucier du lendemain, après tout il restera bien toujours au moins une petite chevrette aux champignons hallucinogènes à nous mettre sous la dent.
Vous ne comprenez pas pourquoi, avec un programme aussi alléchant, je ne me suis-je pas déjà lancée dans l'aventure ?
Eh bien c'est tout simplement que j'attends l'élément déclencheur qui saura me faire quitter mes habitudes pour m'amener à sauter le pas.
Incendie de mon studio, crise économique aggravée me mettant dans l'impossibilité d'en acquitter le loyer, voisin psychopathe, pulvérisation biochimique de Paris (voire du Grand Paris), nouvelle vraie prédiction de la fin du monde par Paco Rabanne... que sais-je !
Il suffira d'un signe, un matin...